Le surlendemain, la cafetière crache ses dernières volutes de fumées quand je pénètre dans le local d’ Utopia 56.
C’est le jour où j’accompagne Olivier et les services civiques lors d’une maraude hôtelière.
Dans l’air, il y a un peu d’anxiété et de stress. Olivier me dit qu’on ne sait jamais sur quoi on va tomber lors de ces maraudes. Ça peut dégénérer avec les patrons des hôtels ou parfois avec des exilés. On peut tomber sur des familles avec des enfants en détresse. On sait à quelle heure on part mais on ne sait jamais à quelle heure on revient s’ il y a des urgences à gérer.
Les services civiques regardent étrangement l’enregistreur, je décide d’engager la conversation pour dissiper tous malentendus. Je préviens quand j’enregistre, il n’y a pas d’enregistrements sauvages.
Nous partons en voiture à 20 minutes de Rennes pour se retrouver devant un hôtel d’apparence fermé et à l’aspect délabré.
Là j’avoue que je fais pas le malin, je me demande ce que je fous là avec mon enregistreur, si je vais être bien accueilli par ces familles aux parcours compliqués. Olivier me fait signe de le ranger pour pouvoir montrer pattes blanches.
Nous pénétrons dans le hall de l’hôtel, une femme derrière son comptoir nous accueille.
Elle connaît les actions d’Utopia 56, nous laisse passer en nous indiquant que la patron va nous mettre à la porte quand il nous verra sur les caméras de surveillance. Je décide de ne pas dire que fais un reportage à cette dame, histoire de ne pas compromettre cette maraude pour Utopia 56.
D’ailleurs, je me dis qu’il y a aussi un reportage à faire sur ce business de ces hôtels qui n’ont pas l’air aux normes mais qui touchent de l’argent public pour accueillir ces familles.
Nous arrivons à l’étage, les premiers signes de vie se font entendre. Je sors mon zoom à la hâte et lance l’enregistrement. Lorsque les familles ouvrent, je place en évidence le zoom pour signifier que ça enregistre. Il n’y a aucune réticence à ma présence.
20 minutes plus tard, nous sommes mis à la porte, le patron à remarqué notre présence sur les caméras et à appelé le 115. Celui-ci, l’a sommé de nous faire partir des lieux.
Nous reprenons la voiture, pour nous rendre à un nouvel hôtel qui lui aussi semble fermé, mais cette fois-ci, nous restons bloqués dans le hall à attendre un employé mais sans succès. La décision est prise de ne pas monter à l’étage sans accord pour éviter tout débordements. Une fois rentré au local, je débriefe cette matinée avec Olivier aux micros.
Je les remercie de m’avoir accueilli durant ces 3 jours avec mes micros et leur promet de leur envoyer mon reportage, une fois qu’il sera monté.
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